Les soifs de contacts physiques et sociaux sont des besoins existentiels
Peut-être avez-vous déjà entendu cette phrase, écrite par Berne[1] dans « Des jeux et des hommes », Si l’on ne te caresse pas, ta moelle épinière se flétrira.
Elle fait référence aux liens que doit avoir un bébé avec sa mère. Berne se positionne dans les traces de René Spitz[2] qui a découvert que chez le bébé, des carences physiques font suite à des carences affectives.
Pour Berne les caresses font partie des besoins existentiels. Un bébé a besoin de contacts physiques avec sa mère pour une croissance physique et psychologique normale. Ce besoin de contact physique est aussi important que celui de nourriture.
À l’adolescence puis à l’âge adulte, pour éviter tout malentendu, la reconnaissance se substitue à la caresse. Certes les besoins évoluent. Les signes de reconnaissance au travail valorisent les personnes. Ils font l’effet d’une caresse psychique. Néanmoins, le contact physique demeure.
Nous en faisons l’expérience en cette période de confinement, les réunions en visio sont utiles, permettent de continuer l’activité mais n’apportent pas cet élément essentiel dans une relation humaine qu’est le contact physique.
À cela, pour certains, s’ajoute l’ennui, l’absence d’activité provoquant des journées vides. Quand une personne va au travail, elle ne se pose pas la question de savoir comment va s’organiser son temps. Son manager, l’activité elle-même s’en occupent pour elle. Au chômage, voire en télétravail, il en est tout autrement. Quand plus personne ne vous dit quoi faire et quand faire, l’ennui peut s’installer et a le même effet que la privation de caresses et de reconnaissance.
L’adulte a appris à se satisfaire des protocoles sociaux, le rituel du matin qui consiste à se serrer la main ou se faire la bise à tel point que lorsque l’on se dit bonjour sans se toucher, il nous manque quelque chose.
L’heure du déconfinement approchant, nous pouvons nous réjouir de revoir nos collègues et amis « en vrai ». À ceci près que nous devrons garder nos distances. Nous devrons donc attendre encore un peu pour plus de contacts physiques. Espérons que ce temps ne soit pas trop long car la privation sensorielle génère des carences émotionnelles.
Les 3 soifs existentielles nommées par Berne prennent tout leur sens.
La soif de caresses pour répondre aux besoins biologiques, à cela s’ajoute la soif de reconnaissance pour répondre aux besoins psychiques auxquelles s’ajoute la soif de structure pour répondre aux besoins sociaux.
La vie sociale est indispensable à la vie tout court.
[1] Eric Berne – Des jeux et des hommes – Ed Stock
[2] René Spitz – Hospitalisme : genèse des conditions psychiatriques dans la prime enfance – Etude psychanalitique de l’enfant