Deux mots pour dire la même chose ?
Les mots collaborer et coopérer sont souvent utilisés de façon indifférenciée. Pour les distinguer l’un de l’autre, regardons leur étymologie.
Collaborer, vient du latin collaborarer, et se construit avec le préfixe co qui signifie avec et laborer, travailler. On parle parfois de labeur au sujet du travail.
Coopérer a d’abord été utilisé dans un cadre chrétien. Il s’agit de faire quelque chose avec quelqu’un. La prière en l’occurrence, s’agissant de la religion. Dans notre société laïque, le sens a évolué et signifie « opérer avec quelqu’un » et pas nécessairement au travail.
Cependant beaucoup de managers souhaiteraient mettre de la coopération au sein des équipes. Nous pouvons nous inspirer de la théorie organisationnelle de Berne et plus particulièrement de la notion d’imago pour savoir à quel moment les gens collaborent ou coopèrent.
L’imago est l’image mentale que chacun se fait de ce qu’est ou devrait être un groupe. Au fil du temps, cette image va s’ajuster à la réalité de ce qu’est le groupe, il s’agit de l’ajustement de l’imago.
Prenons l’exemple de Béatrice qui souhaite créer une association d’aide aux personnes en réinsertion professionnelle. Elle a suivi un cursus certifiant de coaching et a travaillé avec ses pairs sur son projet. Elle a une représentation de ce que devra être son association, c’est son imago provisoire.
Elle forme le bureau de l’association avec deux autres coachs et s’aperçoit que les avis divergent quant au montant de l’adhésion et à la constitution du CA. Après discussion Béatrice aura modifié ses représentations et son imago collera davantage à la réalité de ce qui se passe dans le groupe. Il s’agit de l’ajustement adaptatif.
Six mois plus tard, le CA est constitué, l’association compte une cinquantaine de membres qui sont aussi les personnes accompagnées. Les rôles et fonctions de chacun sont connus de tous. L’idée de départ de Béatrice n’a plus grand-chose à voir avec la réalité du terrain. Ella a ajusté son imago au stade opératif.
Il y a eu quelques tensions avec le trésorier au moment de l’assemblée générale, mais tout est rentré dans l’ordre car ils ont su se parler. Chacun a pu dire ce qui lui va et ne lui va pas. La discussion était sincère et ce fut l’occasion de véritablement se connaître, pour elle et le trésorier. Ici son imago est secondaire ou secondairement ajustée (imago est un nom féminin).
À mon sens, il convient de parler de collaboration au stade opératif, là où chacun sait ce qu’il a à faire et le fait . Alors que la coopération va se rencontrer au stade secondaire quand le groupe va dans la direction montrée par le leader, que les objectifs et envies sont partager, que les membres ont un avenir en commun.